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10 septembre - La minute historique

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Message  Bianca Lun 10 Sep - 13:44

Au secours : il n'y a rien de plus ennuyant, de plus obscur que la guerre de Cent Ans. Pire encore qu'une interview de Hollande à la télé. Certes, pour nous tirer de notre ennui, il y a cette bergère encore vierge qui entend des voix lui souffler de sauver le roi de France. Non, il ne s'agit pas de Mireille Mathieu et de Sarko, bande de cancres !

Il y a encore Charles VI devenu complètement dingo au point d'éventrer ses compagnons et de caguer partout. Mais à part cela ? Pas grand-chose, sinon le meurtre de Jean sans Peur, duc de Bourgogne, le 10 septembre 1419, à Montereau. Un véritable guet-apens monté par ce faux-cul de Charles VII, encore dauphin. Le plus incroyable, c'est que le duc n'est pas un enfant de choeur, lui aussi a trucidé nombre de ses contemporains. Alors, comment a-t-il pu tomber dans le piège d'un gamin de 16 ans ?


À 48 ans, Jean sans Peur est à la tête d'une multinationale : duc de Bourgogne, comte de Flandre, d'Artois et de Charolais, comte palatin de Bourgogne, seigneur de Mâcon, Chalon, etc. Le gaillard ne se prend pas pour un moins que rien. Vu que son neveu, Charles VI, est devenu fou comme un lapin, il envisage même de mettre la main sur le trône de France. Problème, il n'est pas le seul ambitieux du royaume. En face de lui, il y a le duc Louis d'Orléans, frère du roi, soutenu par les Armagnacs. Vous y êtes ? La guerre entre les Armagnacs et les Bourguignons, ça buzze dans votre cerveau ? C'était l'équivalent de notre guerre entre les fillonnistes et les copéistes au sein de l'UMP, en moins sanglant.... Jean et Louis siègent tous deux au conseil de régence qui prend le relais de Charles VI quand celui-ci traverse une crise. Peu partageur, Jean sans Peur fait assassiner Louis d'Orléans le 23 novembre 1407, éliminant ainsi son principal adversaire. L'enquête est vite enterrée par le juge Courroye. Mais, dorénavant, le duc de Bourgogne fait l'objet d'une haine farouche de la part du camp des Armagnacs qui n'aura point de cesse qu'il ne se venge.


Rencontre au milieu d'un pont

Dès lors, Jean sans Peur devient Jean la Trouille. Il redoute, à son tour, l'assassinat. Ainsi, pour dormir sans crainte dans son palais parisien, il se fait installer une chambre au sommet d'une tour. Celle-ci n'a aucune fenêtre et la porte minuscule est toujours fermée à clef. Pour ceux que cela amuse, cette tour peut être visitée, rue Étienne-Marcel. En 1419, après plusieurs victoires sur les Armagnacs, le duc de Bourgogne contrôle une bonne partie de la France et il s'apprête à livrer la couronne française aux Anglais avec la complicité d'Isabeau de Bavière, épouse de Charles VI. Le clan des Armagnacs rangé derrière le dauphin (le futur Charles VII) est aux abois. Aveuglés par leur haine de Jean sans Peur, ils parviennent à convaincre le dauphin que sa mort réglera tous leurs problèmes. Il faut donc l'attirer dans un piège. Comment faire ? Henri Guaino est consulté. Finalement, le dauphin propose au duc de Bourgogne une nouvelle rencontre amicale à Montereau. En zone démilitarisée, pour éviter tout piège. Tu parles... Charles ! Les Armagnacs proposent d'organiser la rencontre au sommet au milieu du pont qui franchit l'Yonne. Des espions de Jeannot la Trouille le préviennent que c'est un piège, mais, incompréhensiblement, il décide d'accepter la proposition du Charles. Ce n'est pas ce petit merdeux qui serait capable de le tromper, lui, le duc de Bourgogne. Et puis il est fils de roi, donc sa parole vaut quand même quelque chose. Quelle naïveté pour un vieux roué !

Le jour dit, vers 15 heures, le duc de Bourgogne se présente devant le pont de Montereau à la tête d'une troupe de deux cents hommes d'armes et de cent archers. Il campe côté château. Alors que les Armagnacs occupent la rive opposée, du côté de la ville. La rencontre aura lieu au milieu de pont. Pour établir un espace sécurisé, les charpentiers ont érigé une première barrière à l'entrée du pont, du côté des Bourguignons, et une deuxième du côté des Armagnacs. Cette dernière est dotée d'un enclos, normalement à l'abri de toute attaque, destiné à accueillir l'entrevue. Charles et Jean pourront se faire accompagner de dix seigneurs chacun. À l'entrée de la première barrière, le duc hésite encore. Enfin, vers 17 heures, il se jette à l'eau, avançant à pas lents sur le pont, suivi de son escorte. Deux conseillers du dauphin vont à sa rencontre. "Venez devers, Monseigneur, il vous attend." Il passe la première barrière. L'ambiance est pesante. Avec son escorte, il franchit la deuxième barrière qui est fermée à clef derrière lui.



"Tuez, tuez !"

Le voilà dans l'enclos, le dauphin l'y attend. La suite des événements est rapportée par Jean Séguinat, secrétaire du duc de Bourgogne : "Mondit seigneur de Bourgogne aperçut le dauphin qui était près de la porte, devers la ville, sur ledit pont, à l'endroit d'un petit retrait fait de baies ; mondit seigneur alla à lui, ôta son amusse (chapeau) qui était de velours noir et s'agenouilla en lui disant : Monseigneur, après Dieu, je ne dois obéir qu'au roi et à vous ; je viens vous offrir ma personne, mes biens et toutes les forces de mes alliés et bienveillants, si on a fait quelque rapport à mon désavantage, je vous prie de n'en rien croire, dis-je bien, Messieurs. Vous dites si bien, répondit le dauphin, qu'on ne peut mieux ; levez-vous, beau cousin, et vous couvrez, en le tenant par la main." C'est alors que Jean sans Peur a un geste malheureux, celui attendu par l'adversaire pour lui tomber dessus : en se relevant, il pose la main sur l'épée pour la remettre en place. Aussitôt, le seigneur de Loré l'apostrophe : "Mettez-vous la main à vostre épée en la présence de Monseigneur le dauphin ?" Sans attendre la réponse, messire Tanguy du Châtel abat sur Jean sans Peur une énorme hache en lui disant : "Monsieur de Bourgogne, entrez là-dedans."

C'est alors que les gens du dauphin se mettent à crier "Tuez, tuez !" en se précipitant sur le duc. Certains de ses vassaux tentent bien de le protéger, mais inutilement. C'est la curée. Un homme s'agenouille auprès de Jean sans Peur pour lui donner le coup de grâce en lui plongeant son épée au travers du corps. Du côté des Armagnacs, c'est du délire. Les assassins se précipitent sur le cadavre pour arracher des morceaux de sa robe en guise de trophée. Douze ans après son assassinat, le duc d'Orléans est enfin vengé. Ils font mettre le corps du duc dans une bière réservée aux pauvres et la font porter à l'église par les individus les plus paillards qu'ils peuvent trouver. Depardieu, qui passe par là, est recruté. Pour justifier leur geste, les Armagnacs prétendent avoir craint pour la vie du dauphin quand Jean sans Peur a mis la main à l'épée. Alors que celui-ci ne faisait probablement que la remettre en place en se relevant. Le duc s'est fait jouer comme un enfant.

Aussi jouissif que cela ait pu être pour les Armagnacs, ce meurtre est-il bénéfique pour la France et le camp des Armagnacs ? Pas vraiment. C'est même une idiotie diplomatique, car non seulement le futur Charles VII s'est complètement déconsidéré en manquant à sa parole, mais le nouveau duc de Bourgogne, fils du précédent, bascule définitivement dans le camp anglais. Il offre carrément la couronne de France à Henri V d'Angleterre. D'où une prolongation de la guerre dite de Cent Ans, de plusieurs décennies. Charles VII finira par arracher la France aux Anglais, mais à quel prix.
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Message  Bianca Lun 10 Sep - 17:00

Tout le plaisir est pour moi d'avoir une lectrice aussi passionnée.
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